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Page:Thibaudet - Les Idées politiques de la France, 1932.djvu/203

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Mistral : le sacrifié, le vaincu, le droit de revanche et à victoire. La guerre qu’il soutint fut une guerre idéaliste, Idée contre Idée, croisade pour la Cause.

Jaurès et sa pensée étaient bien plus de formation savante que de formation populaire. Proudhon eût combattu le doublet savant. Sous le malentendu entre l’action syndicaliste et l’action parlementaire, courut plus ou moins une mésentente entre la formation ouvrière et la formation bourgeoise, entre la république des travailleurs et la république des professeurs. Mais Jaurès a apporté au socialisme un courant d’aération, un sens des idées, il y a éveillé et entretenu le besoin d’une culture politique. Surtout, comme Mistral eût désiré le faire pour le Félibrige, il l’a voulu, depuis la bataille de l’affaire Dreyfus, présent partout. Il y a un esprit de Jaurès, l’esprit qui exige que tous les problèmes politiques, intérieurs et extérieurs, comportent une attitude socialiste, une solution socialiste, ou plutôt, pour employer l’expression de la rhétorique grecque, qui convient mieux ici, le dis-