Berg était alors le rendez-vous d’un certain nombre d’émigrés, fuyant les lurons de l’« Une et Indivisible ». Tout ce beau monde, nécessiteux et déconfit, fréquentait entre soi. Chez un Allemand, M de Jacobi, Surville fit la rencontre d’un gentilhomme exilé comme lui, Marie-Martin-Charles Boudens, vicomte de Vanderbourg. Cette autre victime des « temps nouveaux » avait aussi porté l’uniforme, obtenu commission de lieutenant sur les vaisseaux de Sa Majesté. Les deux officiers se lièrent d’amitié ; de mutuelles affinités contribuaient à les rapprocher.
Vanderbourg, également, sacrifiait à la Muse. Aux jours heureux, il rimait dans les almanachs. Le marquis confia ses douleurs à son nouvel ami Les « brigands » avaient, au pays d’Ardèche, brûlé les inestimables manuscrits de sa grand’mère, en même temps que tous ses parchemins de noblesse. Mais l’habile homme avait eu le temps d’en achever la transcription. Il soumit à l’enthousiasmé Vanderbourg quelques-unes des pièces dont il se proposait de publier le recueil, une Héroïde à Bérenger de Surville, un Chant royal à Charles VIII, et souffrit même qu’il en prît une copie.