Aller au contenu

Page:Thierry - Les Grandes Mystifications littéraires, 1911.djvu/127

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
113
CLOTILDE DE SURVILLE

fit tenir à la marquise les papiers du supplicié. Tous les manuscrits s’y trouvaient.

Aussitôt, Vanderbourg commence fiévreusement les démarches « qui doivent apporter le cadeau le plus précieux à la littérature française ». Il intéresse à son grand projet le libraire Henrichs qui vient d’éditer sa traduction du Laocoon et, par une coïncidence bizarre, publie en ce moment même les pseudo-Poèmes occitaniques, de Fabre d’Olivet[1] ? Didot reçoit la commande de caractères neufs. Mais, au cours de son travail, le prudent imprimeur hésite et se ravise. Il a trouvé dans l’Ode à Bérenger des allusions politiques :

Banny par ses subjects, le plus noble des Princes
Erre, est proscript en ses propres remparts.
De chastels en chastels et de villes en villes,
Contraint de fuyr lieux où debvrait régner,
Pendant qu’homme félons, clercs et tourbes serviles
L’osent, ô crime, en jusdment assigner !
Non, non ! ne peut durer tant coupable vertige.
    Ô peuple franc, reviendras a ton roy !

Diable ! le « Grand Consul » goûtera fort peu cette déplaisante prophétie, et la police du grand

  1. Voir l’étude suivante.