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Page:Thierry - Les Grandes Mystifications littéraires, 1911.djvu/130

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MYSTIFICATIONS LITTÉRAIRES

en 1421 Béranger de Surville, qui la quittait bientôt, « appelé par l’honneur » aux côtés du dauphin Charles. L’épouse aimante et délaissée composait alors la fameuse Héroïde, au charme si tendrement mélancolique :

Clotilde, au sien amy, doulce mande accolade.
A son espoulx, salut, respect, amour !
Ah ! tandis qu’esplorée et de cœur si malade.
Te quier la nuit, te redemande au jour
Que deviens ? Où cours-tu, loing de ta bien-aymée ?

Devenue veuve, privée de ses amies dispersées, en butte aux rancunes envieuses d’Alain Chartier, Clotilde se retirait ensuite à Vallon, où tous les malheurs venaient accabler sa vieillesse. Elle trépassait enfin nonagénaire, oubliée, et, l’Hymne à Charles VIII pour célébrer la victoire de Fornoue avait été son chant du cygne.

L’ingénieux Vanderbourg ne s’était pas abusé en escomptant la réussite. Le public fit à Clotilde un accueil triomphal. Trois éditions, chiffre considérable pour l’époque, furent épuisées en dix-huit mois. Les « âmes sensibles » partageaient l’émotion « d’une tendre mère, d’une épouse embrasée des feux d’un chaste amour ». Toutes les belles dames à turban, en tuniques à