Aller au contenu

Page:Thierry - Les Grandes Mystifications littéraires, 1911.djvu/131

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
117
CLOTILDE DE SURVILLE

la grecque, surent bientôt et chantèrent les Verselets au premier-né, mis en musique par Berton.

Ô cher enfantelet, vray pourtraict de ton père,
Dors sur le sein que ta bouche a pressé !
Dors petiot ; clos, amy, sur le sein de mère,
Tien doulx œillet par le somme oppressé !

De fait, ce morceau, d’autres encore, les Trois plaids d’or, des Chants d’amour, sont vivifiés par un véritable souffle poétique. La grâce de l’inspiration y alterne avec la force et la sensibilité. La langue en est souple, pure, harmonieuse et le style, phénoménale exception à l’époque où l’on faisait remonter l’auteur, touchait à la perfection.

Tant de si rares beautés éveillèrent les méfiances de la critique. Si les écrivains royalistes, Michaud, dans le Mercure, l’académicien Sainte-Croix, se prononcèrent pour l’authenticité, l’école voltairienne regimba et discuta. Dans sa Décade philosophique, l’admirateur de Rousseau, Ginguené, dénonce le pastiche, « où tout décèle une main moderne, où les efforts pour imiter le style du quinzième siècle sont sensibles partout, parfois puérils et très souvent malheureux ».