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MYSTIFICATIONS LITTÉRAIRES


Son apologiste a néanmoins exhumé d’archives familiales vingt et une lettres de Vanderbourg à Mme de Surville qui jettent sur le débat une lumière nouvelle. La bonne foi, le désintéressement, au moins pécuniaire, du traducteur d’Horace apparaissent avec la plus évidente clarté. Indubitablement, il est innocent du pastiche. Lavons du moins sa mémoire d’une accusation à laquelle il dut sa fortune. Reste alors le marquis. Les échantillons que j’ai donnés de son génie poétique rendent bien incertaine une telle attribution. Comment, par quel miracle, le désastreux auteur de ce pathos aurait-il pu s’élever soudain à la grâce naïve des Verselets, à la vigueur enflammée du Chant royal ?

Pourtant la mystification est là ; qui donc peut être le mystificateur ? Assurément un témoin désolé, un ennemi de la Révolution, les transparentes allusions politiques de l’Héroïde à Bérenger le démontrent. Or, ne l’oublions pas, Surville avait soumis ses manuscrits à son intime, le marquis de Brazais. Ils se retrouvèrent durant l’émigration. Et M. de Brazais, lettré distingué, en correspondance avec André Ché-