Page:Thiers - Discours parlementaires de M. Thiers, 1879.djvu/382

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la chose publique, pour cela, il faut qu’il y pense, et il ne faut pas qu’il y pense seul, car il n’arriverait ainsi qu’à une opinion individuelle ; il faut que ses concitoyens y pensent comme lui ; il faut que tous ensemble échangent leurs idées, et arrivent ainsi à produire cette pensée commune qu’on appelle l’opinion publique. Or, cela n’est possible que par la presse. Il faut donc qu’elle soit libre, mais, lorsque je dis liberté, je ne dis pas impunité. De même que la liberté individuelle du citoyen existe à la condition qu’il n’aura pas provoqué la vindicte des lois, la liberté de la presse est à cette condition que l’écrivain n’aura ni outragé l’honneur des citoyens, ni troublé le repos du pays.

Ainsi, selon moi, la seconde liberté nécessaire, c’est pour les citoyens cette liberté d’échanger leurs idées, liberté qui enfante l’opinion publique. Mais, lorsque cette opinion se produit, elle ne doit pas demeurer un vain bruit, et il faut qu’elle ait un résultat. Pour cela il faut que des hommes choisis viennent l’apporter ici au centre de l’État, cela suppose la liberté des élections, et par liberté des élections, je n’entends pas que le gouvernement, qui est chargé de veiller aux lois, n’ait pas là un rôle, que le gouvernement, qui est composé de citoyens, n’ait pas une opinion : je me borne à dire qu’il ne faut pas qu’il puisse dicter les choix et imposer sa volonté dans les élections. Voilà ce que j’appelle la liberté électorale.

Mais ce n’est pas tout, messieurs. Quand ces élus,