4 RÉVOLUTION FRANÇAISE.
On mit à la voile le 3o floréal (19 mai), au bruit
du canon, aux acclamations de toute l’armée. Des
vents violens causèrent quelque dommage à une
frégate à la sortie du port. Les mêmes vents avaient
causé de telles avaries à Nelson, qui croisait avec
trois vaisseaux, qu’il fut obligé d’aller au radoub
dans les îles Saint-Pierre. Il fut ainsi éloigné de l’escadre
française, et ne la vit pas sortir. La flotte
vogua d’abord vers Gênes pour rallier le convoi
réuni dans ce port, sous les ordres du général Baraguai d’Hilliers.
Elle cingla ensuite vers la Corse,
rallia le convoi d’Ajaccio, qui était sous les ordres
de Vaubois, et s’avança dans la mer de Sicile, pour
se réunir au convoi de Civita-Vecchia, qui était
sous les ordres de Desaix. Le projet de Bonaparte
était de se diriger sur Malte, et d’y tenter en passant
une entreprise audacieuse dont il avait de longue
main préparé le succès par des trames secrètes. Il
voulait s’emparer de cette île, qui, commandant la
navigation de la Méditerranée, devenait importante
pour l’Égypte, et qui ne pouvait manquer d’échoir
bientôt aux.Anglais, si on ne les prévenait.
L’ordre des chevaliers de Malte était comme
toutes les institutions du moyen-âge il avait perdu
son objet, et dès lors sa dignité et sa force. Il n’était
plus qu’un abus, profitable seulement à ceux
qui l’exploitaient. Les chevaliers avaient en Espagne,
en Portugal, en France, en Italie,