DIRECTOIRE (1798). 5
en Allemagne, des biens considérables, qui leur avaient
été donnés par la piété des fidèles pour protéger
les chrétiens allant visiter les saints lieux. Maintenant
qu’il n’y avait plus de pèlerinages de cette espèce,
le rôle et le devoir des chevaliers étaient de
protéger les nations chrétiennes contre les Barbaresques,
et de détruire l’infame piraterie qui infeste
la Méditerranée. Les biens de l’ordre suffisaient
à l’entretien d’une marine considérable; mais
les chevaliers ne s’occupaient aucunement à en
former une ils n’avaient que deux ou trois vieilles
frégates, ne sortant jamais du port, et quelques
galères qui allaient donner et recevoir des fêtes
dans les ports d’Italie. Les baillifs, les commandeurs,
placés dans toute la chrétienté, dévoraient
dans le luxe et l’oisiveté les revenus de l’ordre. Il
n’y avait pas un chevalier qui eût fait la guerre aux
Barbaresques. L’ordre n’inspirait d’ailleurs plus
aucun intérêt. En France on lui avait enlevé ses
biens, et Bonaparte les avait fait saisir en Italie,
sans qu’il s’élevât aucune réclamation en sa faveur.
On a vu que Bonaparte avait songé déjà à pratiquer
des intelligences dans Malte. Il avait gagné
quelques chevaliers, et il se proposait de les intimider
par un coup d’audace, et de les obliger à se
rendre; car il n’avait ni le temps ni les moyens d’une
attaque régulière contre une place réputée imprenable.
L’ordre, qui depuis quelque temps