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DIRECTOIRE (1798). 21


listes que pour avoir les privilèges des janissaires, et qu’un très petit nombre sont réellement au service. Il n’y en avait que peu d’entre eux dans la milice du pacha. Ce pacha, envoyé de Constantinople, représentait le sultan en Égypte; mais à peine escorté de quelques janissaires il avait vu s’évanouir son autorité par les précautions même que le sultan Sélim avait prises autrefois pour la conserver. Ce sultan, jugeant que par son éloignement l’Égypte pourrait échapper à la domination de Constantinople qu’un pacha ambitieux et habile pourrait s’y créer un empire indépendant, avait imaginé un contre-poids, en instituant la milice des Mameluks. Mais comme on ne peut pas vaincre les conditions physiques qui rendent un pays dépendant ou indépendant d’un autre, au lieu du pacha, c’étaient les Mameluks qui s’étaient rendus indépendants de Constantinople et maîtres de l’Égypte. Les Mameluks étaient des esclaves achetés en Circassie. Choisis parmi les plus beaux enfants du Caucase, transportés jeunes en Égypte, élevés dans l’ignorance de leur origine, dans le goût et la pratique des armes, ils devenaient les plus braves et les plus agiles cavaliers de la terre. Ils tenaient à honneur d’être sans origine, d’avoir été achetés cher, et d’être beaux et vaillants. Ils avaient vingt quatre beys, qui étaient leurs propriétaires et leurs