Page:Thiers - Histoire de la Révolution française, tome 10.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

20 RÉVOLUTION FRANÇAISE.


terre cultivable, placées sur le bord de l’Égypte. Leur métier était d’escorter les caravanes ou de prêter leurs chameaux pour les transports. Mais, brigands sans foi, ils pillaient souvent les marchands qu’ils escortaient ou auxquels ils prêtaient leurs chameaux. Quelquefois même, violant l’hospitalité qu’on leur accordait sur la lisière des terres cultivables, ils se précipitaient sur cette vallée du Nil, qui, large seulement de cinq lieues, est si facile à pénétrer; ils pillaient les villages, et, remontant sur leurs chevaux, emportaient leur butin dans le fond du désert. La négligence turque laissait leurs ravages presque toujours impunis, et ne luttait pas mieux contre les brigands du désert qu’elle ne savait lutter contre ses sables. Ces Arabes errants, divisés en tribus sur les deux côtés de la vallée, étaient au nombre de cent ou cent vingt mille, et fournissaient vingt ou vingt-cinq mille cavaliers, braves, mais bons pour harceler l’ennemi, jamais pour le combattre. La troisième race enfin était celle des Turcs; mais elle était aussi peu nombreuse que les Cophtes, c’est-à-dire qu’elle s’élevait à deux cent mille individus au plus. Elle se partageait en Turcs et Mameluks. Les Turcs, venus depuis la dernière conquête des sultans de Constantinople, étaient presque tous inscrits sur la liste des janissaires; mais on sait qu’ils ne se font ordinairement inscrire sur ces