DIRECTOIRE (1798). 29
remonter en même temps que l’armée française. Il
se mit ensuite en marche avec le gros de l’armée,
qui, privée des deux garnisons laissées à Malte et
Alexandrie, était forte de trente mille hommes à
peu près. Il avait ordonné à sa flottille de se rendre
à la hauteur de Ramanieh, sur les bords du Nil.
Là il se proposait de la joindre et de remonter le
Nil parallèlement avec elle, afin de sortir du Delta
et d’arriver dans la Moyenne-Égypte, ou Bahireh.
Pour aller d’Alexandrie à Ramanieh, il y avait deux
routes, l’une à travers les pays habités, le long de
la mer et du Nil, l’autre plus courte et à vol d’oiseau,
mais à travers le désert de Damanhour. Bonaparte
n’hésita pas, et prit la plus courte. Il lui
importait d’arriver promptement au Caire. Desaix
marchait avec l’avant-garde le corps de bataille
suivait à quelques lieues de distance. On s’ébranla
le 18 messidor (6 juillet). Quand les soldats se virent
engagés dans cette plaine sans bornes, avec
un sable mouvant sous les pieds un ciel brûlant
sur la tête, point d’eau, point d’ombre, n’ayant
pour reposer leurs yeux que de rares bouquets de
palmiers, ne voyant d’êtres vivants que de légères
troupes de cavaliers arabes, qui paraissaient et disparaissaient
à l’horizon, et quelquefois se cachaient
derrière des dunes de sable pour égorger les
traînards, ils furent remplis de tristesse. Déjà le
goût du repos leur était venu, après les longues