Page:Thiers - Histoire du Consulat et de l’Empire, tome 12.djvu/25

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à la grande histoire en observant les faits, en les contemplant, comme un peintre contemple la nature, l’admire même devant un laid visage, et cherche l’effet dans la vérité seule de la reproduction.

L’histoire a son pittoresque de même que la peinture, et le pittoresque est dans les hommes, dans les événements exactement et profondément observés. Par exemple, ouvrez notre histoire, prenez Henri IV, Louis XIII, Louis XIV, Louis XV, prenez leurs ministres, leurs maîtresses et leurs confesseurs, Richelieu, Mazarin, Louvois, Colbert, Choiseul, mesdames de Montespan, de Maintenon, de Pompadour, Letellier, Fleury, Dubois ; de ces êtres puissants, gracieux, faibles ou laids, allez aux héros, au fougueux Condé, au sage Turenne, à l’heureux Villars, ainsi que la postérité les appelle ; de ces héros gouvernés, allez à ces héros gouvernants, Frédéric et Napoléon : contemplez ces figures comme des portraits suspendus dans le Louvre de l’histoire, observez-les comme ils sont, avec leur grandeur et leur misère, leur séduction et leur déplaisance ! est-ce que vous n’éprouvez pas une sorte de tressaillement à voir ces figures telles que Dieu les a faites, comme lorsque vous rencontrez un portrait de Raphaël, de Titien ou de Velasquez ? Sentez-vous combien, sous leurs traits vrais,