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à produire, par exemple, ce surprenant portrait de Léon X, l’une des œuvres les plus parfaites qui soient sorties de la main des hommes[1] ? Voulait-il peindre une Vierge, ce beau génie cherchait dans les trésors de son imagination les traits les plus purs qu’il eût rencontrés, les épurait encore, y ajoutait sa grâce propre, qu’il puisait dans son âme, et créait l’une de ces têtes ravissantes qu’on n’oublie plus quand on les a vues. Au contraire voulait-il peindre un portrait, il renonçait à combiner, à épurer, à inventer enfin. Dans la figure d’un vieux prince de l’Église au nez rouge et boursouflé, au visage sensuel, aux yeux petits mais perçants, il n’apercevait rien de laid ou de repoussant, cherchait la nature, l’admirait dans sa réalité, se gardait d’y rien changer, et n’y mettait du sien que la correction du dessin, la vérité de la couleur, l’entente de la lumière, et ces mérites il les trouvait dans la nature bien observée, car dans la laideur même elle est toujours correcte de dessin, belle de couleur, saisissante de lumière.

L’histoire c’est le portrait, comme les Vierges de Raphaël sont la poésie. Mais de même que l’on parvient au portrait de Raphaël en s’éprenant de la nature et des beautés de la réalité, en s’attachant à les rendre telles quelles, on parviendra

  1. Celui qui est au palais Pitti à Florence.