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DISCOURS

distractions de la guerre ; il condamna au silence dans lequel elles ont expiré les passions fatales qu’il fallait laisser éteindre. Dans ce silence, une France nouvelle, forte, compacte, innocente, s’est formée, une France qui n’a rien de pareil à se dire, dans laquelle la liberté est possible, parce que nous, hommes du temps présent, nous avons des erreurs, nous n’avons pas de crimes à nous reprocher.

M. Andrieux sorti du tribunat, eût été réduit à une véritable pauvreté sans les lettres, qu’il aimait, et qui le payèrent bientôt de son amour. Il composa quelques ouvrages pour le théâtre, qui eurent moins de succès que Les Étourdis, mais qui confirmèrent sa réputation d’excellent écrivain. Il composa surtout des contes qui sont aujourd’hui dans la mémoire de tous les appréciateurs de la saine littérature, et qui sont des modèles de grâce et de bon langage ; Le frère du premier consul, cherchant à dépenser dignement une fortune inespérée, assura à M. Andrieux une existence douce et honorable en le nommant son bibliothécaire. Bientôt, à ce bienfait, la Providence en ajouta un autre : M. Andrieux trouva l’occasion que ses goûts et la nature de son esprit lui faisaient rechercher depuis long-temps, celle d’exercer l’enseignement. Il obtint la chaire de littérature de l’École polytechnique, et plus tard celle du Collége de France.

Lorsqu’il commença la carrière du professorat, M. Andrieux était âgé de quarante ans. Il avait traversé une longue révolution, et il avait été rendu plein de souvenirs à une vie paisible. Il avait des goûts modérés, une