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Page:Thiers Adolphe - Histoire de la Révolution française t1 (1839).pdf/36

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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

jours la douleur d’entrevoir le bien, de le vouloir sincèrement, et de manquer de la force nécessaire pour l’exécuter.

Le roi, placé entre la cour, les parlemens et le public exposé aux intrigues et aux suggestions de tout genre, changea tour à tour de ministres : cédant’ encore une fois à la voix publique et à la nécessité des réformes, il appela aux finances Necker[1], Génevois enrichi par des travaux de banque, partisan et disciple de Colbert, comme Turgot l’était de Sully ; financier économe et intègre, mais esprit vain, ayant la prétention d’être modérateur en toutes choses, philosophie, religion, liberté, et, trompé par les éloges de ses amis et du public, se flattant de conduire et d’arrêter les esprits au point où s’arrêtait le sien.

Necker rétablit l’ordre dans les finances, et trouva les moyens de suffire aux frais considérables de la guerre d’Amérique. Génie moins vaste, mais plus flexible que Turgot, disposant surtout de la confiance des capitalistes, il trouva pour le moment des ressources inattendues, et fit renaître la confiance. Mais il fallait plus que des artifices financiers pour terminer les embarras du trésor, et il essaya le moyen des réformes. Les premiers ordres ne furent pas plus faciles pour lui qu’ils ne l’avaient

  1. 1777.