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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

fit destituer M. de Miroménil, garde-des-sceaux, qui conspirait avec les parlemens. Mais son triomphe ne fut que de deux jours. Le roi, qui l’aimait, lui avait promis plus qu’il ne pouvait, en s’engageant à le soutenir. Il fut ébranlé par les représentations des notables, qui promettaient d’obtempérer aux plans de Calonne, mais à condition qu’on en laisserait l’exécution à un ministre plus moral et plus digne de confiance. La reine, par les suggestions de l’abbé de Vermont, proposa et fit accepter au roi un ministre nouveau, M. de Brienne, archevêque de Toulouse, et l’un des notables qui avaient le plus contribué à la perte de Calonne, dans l’espoir de lui succéder[1].

L’archevêque de Toulouse, avec un esprit obstiné et un caractère faible, rêvait le ministère depuis son enfance, et poursuivait par tous les moyens cet objet de ses vœux. Il s’appuyait principalement sur le crédit des femmes, auxquelles il cherchait et réussissait à plaire. Il faisait vanter partout son administration du Languedoc. S’il n’obtint pas en arrivant au ministère la faveur qui aurait entouré Necker, il eut aux yeux du public le mérite de remplacer Calonne. Il ne fut pas d’abord premier ministre, mais il le devint bientôt. Secondé par M. de Lamoignon, garde-des-sceaux, ennemi opi-

  1. Avril 1787.