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RÈGNE DE LOUIS XVI.

niâtre des parlemens, il commença sa carrière avec assez d’avantage. Les notables, engagés par leurs promesses, consentirent avec empressement à tout ce qu’ils avaient d’abord refusé : impôt territorial, impôt du timbre, suppression des corvées, assemblées provinciales, tout fut accordé avec affectation. Ce n’était point à ces mesures, mais à leur auteur, qu’on affectait d’avoir résisté ; l’opinion publique triomphait. Calonne était poursuivi de malédiction, et les notables, entourés du suffrage public, regrettaient cependant un honneur acquis au prix des plus grands sacrifices. Si M. de Brienne eût su profiter des avantages de sa position, s’il eût poursuivi avec activité l’exécution des mesures consenties par les notables, s’il les eût toutes à la fois et sans délai présentées au parlement, à l’instant où l’adhésion des premiers ordres semblait obligée, c’en était fait peut-être : le parlement, pressé de toutes parts, aurait consenti à tout, et cette transaction, quoique partielle et forcée, eût probablement retardé pour long-temps la lutte qui s’engagea bientôt.

Rien de pareil n’eut lieu. Par des délais imprudens, on permit les retours ; on ne présenta les édits que l’un après l’autre ; le parlement eut le temps de discuter, de s’enhardir, et de revenir sur l’espèce de surprise faite aux notables. Il enregistre, après de longues discussions, l’édit portant la seconde abolition des corvées, et un autre permettant la