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RÈGNE DE LOUIS XVI (1788).

Brienne était irrité par les obstacles, sans avoir l’énergie de les vaincre. Faible en Europe contre la Prusse, à laquelle il sacrifiait la Hollande, faible en France contre les parlemens et les grands de l’état, il n’était plus soutenu que par la reine, et en outre se trouvait souvent arrêté dans ses travaux par une mauvaise santé. Il ne savait ni réprimer les révoltes, ni faire exécuter les réductions décrétées par le roi ; et, malgré l’épuisement très-prochain du trésor, il affectait une inconcevable sécurité. Cependant, au milieu de tant de difficultés, il ne négligeait pas de se pourvoir de nouveaux bénéfices, et d’attirer sur sa famille de nouvelles dignités.

Le garde-des-sceaux Lamoignon, moins faible, mais aussi moins influent que l’archevêque de Toulouse, concerta avec lui un plan nouveau pour frapper la puissance politique des parlemens, car c’était là le principal but du pouvoir en ce moment. Il importait de garder le secret. Tout fut préparé en silence : des lettres closes furent envoyées aux commandans des provinces ; l’imprimerie où se préparaient les édits fut entourée de gardes. On voulait que le projet ne fût connu qu’au moment même de sa communication aux parlemens. L’époque approchait, et le bruit s’était répandu qu’un grand acte politique s’apprêtait. Le conseiller d’Espréménil parvint à séduire à force d’argent un ouvrier imprimeur, et à se procurer