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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

voirs de l’état n’avaient-ils pas été dans une révolution continuelle ? L’autorité royale, souveraine d’abord, puis vaincue et dépouillée, se relevant de nouveau avec le secours du peuple, et ramenant tous les pouvoirs à. elle, présentait une lutte perpétuelle, et une possession toujours changeante. On disait au clergé, qu’en se reportant aux anciens temps, il ne serait plus un ordre ; aux nobles, que les possesseurs de fiefs seuls pourraient être élus, et qu’ainsi la plupart d’entre eux seraient exclus de la députation ; aux parlemens eux-mêmes, qu’ils n’étaient que des officiers infidèles de la royauté ; à tous enfin, que la constitution française n’était qu’une longue révolution, pendant laquelle chaque puissance avait successivement dominé ; que tout avait été innovation, et que, dans ce vaste conflit, la raison seule devait décider.

Le tiers-état comprenait la presque totalité de la nation, toutes les classes utiles, industrieuses et éclairées ; s’il ne possédait qu’une partie des terres, du moins il les exploitait toutes ; et, selon la raison, ce n’était pas trop que de lui donner un nombre de députés égal à celui des deux autres ordres.

L’assemblée des notables se déclara contre ce qu’on appelait le doublement du tiers. Un seul bureau, celui que présidait Monsieur, frère du roi, vota pour ce doublement. La cour alors, prenant, disait-elle, en considération l’avis de la minorité,