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Page:Thiers Adolphe - Histoire de la Révolution française t1 (1839).pdf/55

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RÈGNE DE LOUIS XVI (1788).

fit l’épreuve de l’instabilité des faveurs populaires ; mais si plus tard la nation put paraître ingrate envers les chefs qu’elle abandonnait l’un après l’antre, cette fois elle. avait toute raison contre le parlement, car il s’arrêtait avant qu’elle eût recouvré aucun de ses droits.

La cour, n’osant décider elle-même ces questions importantes, ou plutôt voulant dépopulariser à son profit les deux premiers ordres, leur demanda leur avis, dans l’intention de ne pas le suivre, si, comme il était probable, cet avis était contraire au tiers-état. Elle convoqua donc une nouvelle assemblées de notables[1], dans laquelle toutes les questions relatives à la tenue des états généraux furent mises en discussion. La dispute fut vive : d’une part on faisait valoir les anciennes traditions, de l’autre les droits naturels et la raison. En se reportant même aux traditions, la cause du tiers-état avait encore l’avantage ; car aux ; formes de 1614, invoquées par les premiers ordres, on opposait des formes plus anciennes ; Ainsi, dans certaines réunions, et sur certains points, on avait voté par tête ; quelquefois on avait délibéré par province et non par ordre ; souvent les députés du tiers avaient égalé en nombre les députés de la noblesse et du clergé. Comment donc s’en rapporter aux anciens usages ? Les pou-

  1. Elle s’ouvrit à Versailles le 6 novembre, et ferma sa session le 8 décembre suivant.