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ÉTATS-GÉNÉRAUX (1789).

il avait ainsi l’avantage, en étant dans son propre local, de se trouver dans celui des états. La première opération à faire était celle de la vérification des pouvoirs ; il s’agissait de savoir si elle aurait lieu en commun ou par ordre. Les députés du tiers, a prétendant qu’il ; importait à chaque partie des états-généraux de s’assurer de la légitimité des deux autres, demandaient la vérification en commun. La noblesse et le clergé, voulant maintenir la division des ordres, soutenaient qu’ils devaient se constituer chacun a part. Cette question n’était pas encore celle du vote par tête, car on pouvait vérifier les pouvoirs en commun et voter ensuite séparément, mais elle lui ressemblait beaucoup ; et dès le premier jour, elle fit éclater une division qu’il eût été facile de prévoir, et de prévenir en terminant le différend d’avance. Mais la cour n’avait jamais la force ni de refuser ni d’accorder ce qui était juste, et d’ailleurs elle espérait régner en divisant.

Les députés du tiers-état demeurèrent assemblés dans la salle commune, s’abstenant de prendre aucune mesure, et attendant, disaient-ils, la réunion de leurs collègues. La noblesse et le clergé, retirés dans leur salle respective, se mirent à délibérer sur la vérification. Le clergé vota la vérification séparée à la majorité de 133, sur 114, et la noblesse à la majorité de 188 sur 114. Le tiers-état, persistant dans son immobilité, continua le lendemain sa con-