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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

duite de la veille. Il tenait à éviter toute mesure qui pût le faire considérer comme constitué en ordre séparé. C’est pourquoi, en adressant quelques-uns de ses membres aux deux autres chambres, il eut soin de ne leur donner aucune mission expresse. Ces membres étaient envoyés à la noblesse et au clergé pour leur dire qu’on les attendait dans la Salle commune, La noblesse n’était pas en séance dans le moment ; le clergé était réuni, et il offrit de nommer des commissaires pour concilier les différends qui venaient de s’élever. Il les nomma en effet, et fit inviter la noblesse à en faire autant. Le clergé dans cette lutte montrait un caractère bien différent de celui de la noblesse. Entre toutes les classes privilégiées, il avait le plus souffert des attaques du dix-huitième siècle ; son existence politique avait été contestée ; il était partagé à cause du grand nombre de ses curés ; d’ailleurs son rôle obligé était celui de la modération et de l’esprit de paix ; aussi, comme on vient de le voir, il offrit une espèce de médiation.

La noblesse, au contraire, s’y refusa en ne voulant pas nommer des commissaires. Moins prudente que le clergé, doutant moins de ses droits, ne se croyant point obligée à la modération, mais à la vaillance, elle se répandait en refus et en menaces. Ces hommes, qui n’ont excusé aucune passion, se livraient à toutes les leurs, et ils subissaient, comme