Page:Thoinan - Les Relieurs français, 1893.djvu/12

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pratiques qu’elle est restée définitive, les livres se produisirent en plus grand nombre. Ce n’est toutefois que vers le commencement du xiiie siècle que leur exécution, se faisant jusqu’alors à peu près exclusivement dans les monastères, se répandit dans le monde séculier. De même que le nombre des copistes et des enlumineurs s’accrut désormais, il s’établit aussi plus de parcheminiers, plus de libraires et par conséquent plus de relieurs que par le passé.

En France, ce mouvement fut aidé par l’Université, qui prit tous ces producteurs sous sa dépendance, leur accorda sa protection en les faisant profiter de quelques immunités honorifiques et de certains privilèges de divers genres. Les relieurs, dès l’origine, furent donc confondus avec les écrivains, les enlumineurs, les parcheminiers et les libraires, et leur histoire, en tant que corps d’état, marchera parallèlement, pendant longtemps, avec celle de toutes ces industries concourant à la fabrication du livre.

On comprendra que le commerce de la librairie avant l’invention de l’imprimerie ne pouvait avoir l’importance qu’il acquit depuis : aussi ceux qui le pratiquaient y joignirent-ils le plus souvent un autre métier. Des libraires furent amenés par les circonstances à se faire épiciers, fripiers, aubergistes ou taverniers, mais quand rien ne s’y opposait la préférence, pour le choix d’un second état, se portait naturellement sur une profession se rapportant au livre : il y eut donc des écrivains-libraires, comme il y eût aussi des parcheminiers-libraires et surtout des libraires-lieurs de livres.

Les manuscrits étaient ou simplement ou très richement habillés ; dans le premier cas, on les enveloppait de parchemin ou on les reliait entre deux planches de bois restant à nu ou couvertes de peau, tandis que pour les livres de luxe le travail était confié à des ouvriers en orfèvrerie, en joaillerie, en émail, en ivoire, en broderie, etc., après que le lieur n’avait guère fait que coudre et attacher les feuilles les unes aux autres.

Le rôle du relieur se réduisait donc alors à d’assez modestes proportions. Il n’est pas étonnant par conséquent que les p