Page:Thoinan - Les Relieurs français, 1893.djvu/13

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remiers statuts connus de l’Université, qui remontent à 1275, le confondent simplement et sans la moindre distinction, avec les autres artisans du livre, alors qu’ils mentionnent parfois spécialement les écrivains et les libraires.

Nous connaissons cependant les noms de plusieurs relieurs exerçant à Paris à la fin du xiiie siècle et au commencement du xive, par des comptes de la taille de 1292 et de 1313 qui nous ont été conservés. Ces comptes malheureusement ne permettent de citer à coup sûr que quelques noms, car la profession des contribuables n’y est pas toujours indiquée, et de plus tous ceux qu’on y désigne comme lieurs ne sauraient être compris sans hésitation parmi les lieurs de livres, attendu qu’il y avait encore les lieurs de muys ou de cuves (les tonneliers) et les lieurs de foin. Il y a donc lieu de distinguer et, pour ne pas faire d’erreur, de ne considérer comme relieurs que les artisans qualifiés positivement dans ces tableaux Lieeurs de livres, ou ceux qui, quoique seulement appelés Lieeurs, habitaient dans le voisinage des libraires, des écrivains, des enlumineurs et des parcheminiers ; ce qui peut passer, même à cette époque, pour un indice certain d’exactitude.

Voici donc les noms de ces relieurs, les taxes qu’ils payaient, et leurs demeures :

En 1292 : Gile de Sessons, 6 sols, et Nicolas, 3 sols, demeurant rue Neuve-Notre-Dame ; Denise, 12 deniers, et Jehan le Flamenc, 5 sols, établis dans la ruelle aux Coulons ; Raoul, 2 sols, et Richart Langlois, 2 sols, rue Eremboure-de-Brie ; Guillaume, 2 sols, rue de la Boucherie, paroisse Saint-Germain-des-Prés ;

Puis, en 1313 : Jehan de Sèvres, 42 sols, en la Grande Rue de vers Garlande (il était de plus tavernier, ce qui explique peut-être cette forte contribution), et enfin Alain de Vitri, dont la taxe et la demeure ne sont pas données, mais auquel, est-il dit, on paya 30 sols « pour faire lier et couvrir trois livres[1] ».

  1. Parmi les autres ouvriers appelés lieurs dans ces rôles de la Taille, et qui vraisemblablement s’occupaient de tout autre chose que de livres, on voit : Macy, quai de la Grève ; Richart, rue Lambert-de-Chiele (celui-là désigné comme lieur de foin) ; Thomas, Grande Rue, au coin de la Truanderie ; Jehan d’Arraz, rue Auberie-le-Boucher ; Morian, rue de la Charonnerie ; Girart et Pierre d’Arraz, rue Sainte-Opportune ; Guillaume de Paris, rue des Arsis ; Pierre le Forestier, Jambe de Coc, Robin Langlois et Guillaume Langlois, rue Saint-Jacques-de-la Boucherie.