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Page:Thomas - Gustave ou Un héros Canadien, 1901.djvu/100

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gustave

donné dix piastres sous forme de souscription. Naturellement indigné, j’ai voulu la mettre sur ses gardes en lui faisant connaître les infamies de ces religieuses ; c’est alors que mon fils s’est levé de table en pleurant.

— Ce n’était pas bien de votre part, dit M. Lewis en s’adressant à Gustave. Votre père a voulu vous prémunir contre les dangers qui vous menacent. Vous commencez à être d’âge à tomber dans l’abîme que vous dressent ces personnes à l’extérieur religieux. Vous devez avoir lu la narration faite sur les Sœurs de l’Hôtel-Dieu à Montréal, et cette autre affaire de Charleston ; dans les deux cas, les crimes les plus révoltants ont été mis au jour. Voyons, raisonnez un peu, et vous verrez que votre père aurait tort de ne pas vous instruire de pareils forfaits.

Puis, voulant savoir ce que Gustave aurait à dire, il ajouta :

— Qu’avez-vous à répondre ? Parlez sans crainte.

— Je n’ose, monsieur, dit Gustave, surtout après les graves accusations que vous venez de porter vous-même ; je craindrais de vous offenser et de contrarier mon père.

— Non, non, vous ne m’offenserez pas, et votre père ne sera pas contrarié, j’en suis certain ; ainsi, parlez.

— Monsieur, dit Gustave, mais non… je ne puis… et il s’arrêta tout court.

— Fais donc plaisir à ce bon monsieur, dit madame Dumont.

— Je vais répondre, puisque vous le désirez, ma mère ; et prenant un ton persuadé, il ajouta en s’adressant à M. Lewis : Me serait-il permis de vous poser une question ?

— Parlez, j’écoute avec plaisir.

— Alors, je vous demanderai pourquoi, vous qui êtes un des citoyens les plus influents de cette ville, vous qui, par votre haute position, commandez le respect et l’estime de ses habitants, et qui avec quel-