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ques autres citoyens de votre rang faites exécuter les lois ; pourquoi, dis-je, laissez-vous ici, dans cette grande ville, croître et exister des institutions qui, d’après vos propres paroles, font un si grand mépris des lois et de la morale ? Ne serait-ce point votre devoir de leur faire subir les châtiments qu’elles méritent, et ainsi les anéantir pour toujours ?

— Ce serait en effet notre devoir, répondit M. Lewis, nous les avons tolérées trop longtemps, et j’espère que bientôt nous y verrons. Je suis bien aise, mon cher enfant, que vous nous ayez fait penser à notre devoir ; mais ce n’est pas une réponse à ma question ; je pense que vous cherchez à l’éluder.

— Non, monsieur, je ne veux point éluder votre question ou refuser d’y répondre : je n’avais pas, non plus, l’intention de vous donner un conseil. Tout ce que je crains, c’est de ne pas être à la hauteur voulue pour prendre, d’une manière satisfaisante, la défense de ces communautés. Je vous demanderai seulement, avant de commencer l’enquête que vous vous proposez de faire, de me permettre de vous faire entrevoir ce à quoi ces communautés s’occupent, les bonnes œuvres qu’elles pratiquent, les privations et les désagréments qu’elles subissent. Pour cela, allons visiter une de leurs maisons, et, après avoir vu et entendu, vous serez en état de juger par vous-même et cela facilitera l’enquête que vous vous proposez de faire.

— Soit, je vous accompagne avec plaisir, dit M. Lewis en souriant.

— Partons donc, reprit Gustave, mais avec la ferme résolution de tout voir ; notre but étant de savoir si les rapports qu’on nous a faits de ces maisons sont vrais, il faudra que rien ne nous échappe, qu’il n’y ait pas un coin que nous n’ayons inspecté, et surtout que notre courage ne nous abandonne point.

Pour mieux réussir, nous arrêtons chez l’évêque pour lui demander une lettre d’introduction. L’évêque nous reçoit avec plaisir et nous remet la missive dé-