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Page:Thomas - Gustave ou Un héros Canadien, 1901.djvu/120

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gustave

part d’entre eux voyaient pour la première fois.

La confession finie, le prêtre exhorte la pauvre malade et lui dit : Préparez-vous dignement, chère sœur, à recevoir la sainte communion, que je vous donnerai demain matin. Vous allez recevoir Notre-Seigneur Jésus-Christ, et c’est peut-être la dernière fois que vous aurez ce bonheur ; si vous le recevez avec confiance et amour, soyez certaine que votre âme le suivra au paradis ; là, vous reverrez les chers petits êtres que vous venez de perdre. Oui, ayez confiance, réjouissez-vous, votre âme, cruellement éprouvée, va recevoir bientôt sa récompense, qui sera éternelle.

La malade lui répond par un sourire de bonheur.

Gustave éprouve aussi le désir de communier en une circonstance aussi solennelle ; il va trouver le prêtre dans sa cabine et lui communique son désir en français.

— Vous me surprenez, dit le prêtre ; j’étais bien loin de penser que vous étiez Canadien et catholique, car j’ai cru m’apercevoir que votre père était un de ceux qui, par leurs sourires moqueurs, tournaient en dérision la confession de la dame mourante.

— Mon père… mais veuillez me confesser, je suis catholique, moi, et, avec la grâce de Dieu, je le serai toujours.

— Faites votre confession, brave jeune homme, dit le prêtre avec émotion, et que l’exemple que vous allez donner demain matin, vous porte bonheur.

Le lendemain, dès quatre heures du matin, le prêtre dresse une table près du lit de la malade, et la couvre d’une toile blanche comme la neige ; deux cierges allumés sont placés dans des chandeliers d’argent de chaque côté d’un crucifix du même métal ; une dame américaine vient y déposer un magnifique bouquet aux fleurs éclatantes de fraîcheur et de beauté.

Le prêtre avait choisi cette heure afin de ne pas être dérangé par la curiosité ou les indiscrétions des