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Page:Thomas - Gustave ou Un héros Canadien, 1901.djvu/123

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gustave

ce qui était, selon lui, une infamie, un sacrilège, lorsqu’il s’écria en se tournant du côté de Gustave :

— Et dire que mon fils est esclave de cette Église qui enseigne de pareilles doctrines ; que je suis réduit à le voir suivre le chemin qui conduit à la perdition et au feu éternel ; que, malgré mes avis et mes conseils, il persiste dans son obstination. Ah ! cette pensée me déchire le cœur. Mais je conserve toujours l’espérance que si Dieu, dans sa bonté, ne permet pas que je sois l’instrument de la conversion de mon enfant, il permettra qu’un autre me remplace et accomplisse cette mission divine.

Un monsieur à figure vénérable, et qui se nommait Johnson, était tout près de Gustave. Voyant qu’il ne prêtait aucune attention à la discussion, il lui dit :

— N’avez-vous pas entendu ce que votre père vient de dire, jeune homme ?

— J’ai bien entendu, monsieur, répondit Gustave, et je vous assure que ce n’est pas la première fois que j’entends vilipender l’Église catholique ; je commence à m’y habituer.

— Votre conduite n’en est que plus étrange, reprit M. Johnson, qui voulait le forcer de prendre part à la discussion ; il me semble que si vous agissiez d’après vos convictions, vous devriez au moins prendre la défense de votre croyance.

— Mon âge ne me permet pas de discuter avec mon père ou avec vous. D’ailleurs, à quoi servirait de me défendre après avoir reçu une telle condamnation ?

— Ne pensez-vous pas avoir mérité cette condamnation, qui ne s’applique pas à vous directement, mais aux principes et aux croyances que vous avez adoptés et auxquels vous tenez encore, malgré les nobles efforts que fait votre digne père pour vous retirer de l’erreur et vous convertir à Dieu ?

Gustave ne répondit point.

— Allons, jeune homme, reprit M. Johnson, répondez, ou sinon nous prendrons votre silence pour