Page:Thomas - Gustave ou Un héros Canadien, 1901.djvu/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
124
gustave

une admission de votre part, que votre père a dit la vérité.

Même silence.

— Il va donc me falloir vous forcer de parler, continua M. Johnston ; répondez ici, devant cette honorable société ; croyez-vous réellement que l’hostie que le prêtre vous a donnée ce matin, contenait le corps et le sang de Jésus-Christ ?

— Oui, répondit Gustave avec fermeté, et pourquoi ne le croirais-je pas ?

— Dites donc plutôt pourquoi vous le croyez, dirent plusieurs assistants.

— La tâche que vous m’imposez est difficile, répondit Gustave, je suis encore trop jeune pour vous donner l’explication des textes de l’Évangile qui prouvent la présence réelle de Jésus-Christ dans l’Eucharistie. Il me suffit de considérer le grand amour que nous porte Notre-Seigneur, lui qui ne s’est pas contenté de donner son corps et son sang pour le rachat de nos âmes, mais qui veut encore perpétuer ce sacrifice, quoique d’une manière mystique et non sanglante, jusqu’à là fin des temps, afin de ne pas se séparer de nous. À la vue d’une telle bonté et d’un si grand amour, on ne devrait pas se permettre de douter ou de discuter, mais se jeter à genoux et adorer Notre-Seigneur dans ce grand mystère.

— Ceci n’est pas une réponse à la question qui vous a été adressée, dit M. Johnson. Nous aussi, protestants, adorons Jésus-Christ, mais non pas le pain et le vin, comme vous le faites. L’hostie que vous avez mangée ce matin a été faite par la main des hommes ; ainsi elle ne peut être le Dieu que nous devons adorer. Vous faites donc un acte d’idolâtrie en l’adorant.

— Nous n’adorons pas l’hostie parce que c’est une hostie, nous adorons Jésus-Christ, qui y est enfermé réellement en corps et en âme.

— Ne blasphémez pas ainsi. Comment pouvez-vous