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Page:Thomas - Gustave ou Un héros Canadien, 1901.djvu/139

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gustave

— Nous devons certainement faire ce que Jésus-Christ a fait, mais je vous demanderai : Qu’est-ce que Jésus-Christ a fait ? A-t-il simplement donné à ses Apôtres du pain et du vin, comme vous, protestants, le prétendez, ou leur a-t-il donné sa chair et son sang, ainsi que ses paroles nous le font comprendre ? Lorsque vous aurez répondu à cette question d’une manière satisfaisante, il sera aisé de s’entendre ensuite.

M. Johnson, embarrassé, ne savait que répondre ; de grosses sueurs inondaient la figure de M. Dumont. Ils essayaient tous deux de rassembler leurs idées confuses, et pour mieux réussir, il se portaient la main au front ; mais leurs efforts étaient inutiles, cette question ne leur avait pas encore été adressée, et ils ne trouvaient aucune réponse plausible.

Les autres passagers, anxieux, les regardaient tour à tour avec l’espérance que l’un ou l’autre pourrait justifier la croyance à laquelle ils étaient attachés eux-mêmes. Enfin M. Dumont crut avoir trouvé la solution désirée et répondit :

— Ce qui nous prouve que Jésus-Christ n’a pas voulu donner son corps et son sang à manger et à boire, mais nous a laissé une mémoire au figuré seulement, c’est que les Apôtres, et avec eux les chrétiens de l’Église primitive ou des cinq premiers siècles, n’ont jamais cru ou enseigné qu’en communiant, nous prenions le corps et le sang de Jésus-Christ en réalité, ou que le pain et le vin, une fois consacrés, étaient changés au corps et au sang d’un Dieu. Ils n’ont jamais vu, dans ce sacrement, autre chose qu’une mémoire ou un symbole ; et ils n’ont jamais adoré les espèces du pain et du vin comme vous le faites.

— Où avez-vous pris vos renseignements ? vous ne devez pas avoir étudié l’histoire pour parler ainsi ; si vous désirez des témoignages, je vais vous en donner.

— J’ai ces témoignages dans ce livre, dit Gustave, ils pourront peut-être aider votre mémoire.

— J’en suis bien aise, dit le prêtre, encore cette fois