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gustave

ne trouverez nulle part dans l’Évangile que ce divin Sauveur ait, à proprement parler, donné son corps à manger et son sang à boire.

— Vous ne pouvez pas être sérieux en parlant ainsi, dit le prêtre, ou vous ignorez complètement ce qui s’est passé le soir de la cène. Jésus célèbre la Pâque avec ses disciples ; pour la dernière fois avant sa mort, il se trouve au milieu de tous ses Apôtres ; il leur parle avec amour et leur fait ses dernières recommandations. Le moment est venu où il va remplir sa promesse ; il se souvient qu’il a promis de leur donner à eux et à tous les chrétiens, son corps à manger et son sang à boire. Pour cela il prend du pain, le bénit, le partage et le donne à ses Apôtres en disant : Prenez et mangez, ceci est mon corps qui sera livré pour vous. Prenant ensuite son calice rempli de vin, il le leur donne et ajoute : Prenez et buvez tous de ceci, car ceci est mon sang. Faites ceci en mémoire de moi.

— Bien ! là je vous tiens, dit M. Dumont joyeux. Ne voyez-vous pas dans ces paroles : Faites ceci en mémoire de moi, que Jésus-Christ a voulu établir une mémoire perpétuelle de lui-même ?

— Oui, une mémoire seulement et non une réalité, ajoute M. Johnson.

— Allons donc ! au commencement de cette discussion vous y voyiez une présence spirituelle, à présent, ce n’est qu’une mémoire ; alors je vous dirai, adorez donc sa mémoire ; cependant vous vous hâtez trop d’arriver aux conclusions, car il y a une grande différence entre une présence quelconque, fût-elle même spirituelle, et une simple mémoire. Terminons d’abord la question préalable ; Jésus Christ a dit : « Faites ceci. » Que devons-nous faire ?

— Rien n’est plus clair, répondit M. Dumont avec emphase ; nous devons faire ce que Jésus-Christ a fait, c’est de prendre du pain et du vin, le manger et le boire en mémoire de lui.