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gustave

— Belle religion que tu as là, dit madame Dumont. As-tu trouvé dans la Bible que tu pouvais laisser ton épouse et lui ôter ses enfants ? Si telle est ta décision, la loi qui te protège nous protégera aussi.

— Et tant que je serai vivant, ma sœur ne fera pas ce voyage, dit Gustave. Puisque loin de l’écarter du péril, vous voulez vous-même l’y jeter, moi je l’empêcherai, et, Dieu aidant, je réussirai.

— Comment ! toi, mon fils, me parler ainsi ! dit M. Dumont avec colère ; nous allons voir qui gagnera dans cette affaire.

Prenant son chapeau, il se rendit chez un avocat, remarquable comme solliciteur de divorce.

Gustave, en voyant sortir son père, se jeta dans les bras de sa mère et se mit à pleurer.

— Ne pleure pas ainsi, cher enfant, dit madame Dumont en l’embrassant ; prions Dieu afin que ton père revienne à de meilleurs sentiments.

— Oui, maman, la prière est toujours une consolation pour l’âme affligée. Et tous deux, se mettant à genoux, prièrent avec ferveur.

« Mon Dieu, disait Gustave, que vos desseins sont impénétrables ! vous permettez qu’au même moment où papa s’éloigne de plus en plus de vous, ma mère s’en rapproche. Je vous remercie pour ce grand bienfait, je vous conjure de me faire la grâce de voir bientôt mon père suivre son exemple. Veuillez prendre soin de nous dans ce temps d’épreuve, ne nous abandonnez pas. »

— Que va-t-il arriver, maman, demanda Gustave en se levant, dans le cas où papa se servirait de la loi contre nous ?

— Je ne sais ; je crains cependant que tu doives le suivre mais ta sœur restera avec moi.

— Mais, chère mère, comment ferai-je pour vous quitter, vous si bonne pour moi, et de nouvelles larmes inondent sa figure.

— S’il faut que tu me quittes, dit madame Dumont