Page:Thomas - Gustave ou Un héros Canadien, 1901.djvu/182

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On s’empresse de la porter sur un lit et de lui donner les soins nécessaires.

Revenue à elle, Alice aperçoit sa mère à ses côtés et un nouveau torrent de larmes inonde son oreiller. Au bout de quelques minutes, elle prend la main de sa mère et lui dit :

— Je viens de faire un beau rêve, maman ; j’ai vu Gustave entrer tout joyeux dans le parterre en avant de cette maison. Papa, qui le suivait, vous fut présenté par lui, et il m’a semblé qu’il pleurait lorsqu’il vous a aperçue. Vous étiez toute joyeuse de le revoir. Je vous ai demandé la cause de votre joie, et vous m’avez répondu : « Si je suis joyeuse, c’est parce que ton frère me ramène mon époux et ton père. » J’allais justement me jeter dans les bras de Gustave, lorsque je me suis réveillée. Ah ! maman, je vous en prie, dites-moi donc ce qui est arrivé pour vous avoir causé tant de peine.

— Tu viens de me le dire toi-même, chère enfant ; dans ton rêve, tu as vu la réalité. Tu viens de remplir mon cœur d’espérance. Elle lui raconte ensuite ce qui s’était passé, et ajoute :

— Console-toi, ma fille, je vais rester auprès de toi, auprès de mon Alice, jusqu’au retour de ton père et de notre Gustave.

— Vous allez rester auprès de moi, chère mère ?

— Oui ; mais comme je ne voudrais pas être à charge aux aimables personnes qui t’ont prodigué tant de bontés, je me placerai près de ton couvent. Plus tard, si cela devient nécessaire, nous partirons pour l’État du Vermont, où réside mon vieux père, qui aura soin de nous.

— Non pas, dit madame Lewis qui entrait en ce moment. M. Lewis et moi, venons de décider que vous resteriez avec nous en attendant le retour de votre époux ; c’est-à-dire, si vous n’y avez pas d’objection.

— Mais… madame, dit madame Dumont, je…

— Ne nous refusez pas ce plaisir. Que ferait notre