Page:Thomas - Gustave ou Un héros Canadien, 1901.djvu/181

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— Et chaque fois que nous la voyons, reprit M. Lewis, elle nous témoigne toujours le plus grand respect, s’informe de notre santé, de la vôtre, et de Gustave qu’elle croit encore au collège.

— Cette nouvelle va lui causer beaucoup de peine, dit madame Lewis, elle un cœur si tendre et qui aime tant son frère ; je ne sais réellement comment faire pour la lui annoncer sans trop la surprendre.

— Il serait mieux que tu ailles seule au couvent pour l’amener ici, dit M. Lewis. Elle sera joyeuse en voyant sa mère, qui saura mieux comment s’y prendre pour lui faire connaître ce qui est arrivé.

— C’est ce qu’il y a de mieux à faire, dit madame Lewis, en sortant pour ordonner la voiture.

— Une demi-heure plus tard, Alice, surprise de voir sa mère, sautait toute joyeuse dans ses bras et lui faisait mille questions.

Toute entière à la joie qu’elle éprouve, elle ne s’aperçoit pas de la pâleur et de la tristesse imprimées sur la figure de sa mère, et lui demande :

— Vous êtes allée voir Gustave, sans doute ?

— Non, pas encore, répondit madame Dumont, qui ne put retenir ses larmes davantage.

— Que je suis heureuse, s’écria Alice, nous irons au…

Mais tout à coup elle aperçoit que sa mère pleure, et elle s’écrie :

— Qu’avez-vous donc, maman ? Comme vous êtes pâle… pourquoi pleurez-vous ?…

Voyant que sa mère ne répond pas, elle fond en larmes, et ajoute d’une voix étouffée :

— Parlez, maman… vite… il est arrivé quelque malheur à Gustave… Ah ! mon Dieu, serait-il possible que mon frère fût mort…

— Calme-toi, pour l’amour de Dieu, chère enfant, s’écrie madame Dumont. Mais Alice ne l’entendit pas ; elle était tombée évanouie dans les bras de madame Lewis.