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Le lendemain, on se remet en marche. Gustave et ses amis, ayant hâte de voir cette grande prairie, prennent le devant ; arrivés au sommet du coteau, ils s’arrêtent en poussant un cri d’admiration.

— Regarde donc, chère Emily, dit George, n’est-ce pas grandiose ? La rivière Platte ressemble à un gigantesque serpent déroulant ses anneaux à travers cette prairie qui nous paraît sans limites ; ces hautes herbes, par leur verdure et leurs ondulations gracieuses, nous font souvenir de l’Océan que nous venons de traverser. Et tout en causant, ils descendaient le coteau.

— Oui, répond Emily, c’est un beau et magnifique spectacle ; mais n’êtes-vous pas comme saisis d’effroi en descendant ce versant ? Ne vous semble-t-il pas que l’on s’engage dans une des régions inférieures du globe ?

— Oui, mademoiselle, répond Gustave ; on dirait qu’ici la terre s’est effondrée jadis, et que nous quittons la terre pour une autre planète. Quoi qu’il en soit, allons faire connaissance avec cette rivière, et, ajouta-t-il en souriant, je promets d’être le premier à boire de son eau.

— Non, non, s’écrièrent Emily et ses frères en piquant leurs chevaux.

— Ils s’élancent au galop, mais Gustave garde toujours le devant, suivi de près par Emily ; en arrivant au rivage, il saute à bas de son cheval et remplit sa coupe avant l’arrivée d’Emily.

Celle-ci saute à terre à son tour ; alors Gustave lui présente sa coupe et lui dit en souriant :

— Ce n’est pas toujours à vous de gagner les courses ; tenez, je boirai après vous.

Emily accepte la politesse, boit et lui remet la coupe en disant d’un air malin :

— Si je n’ai pas gagné la course, j’ai cependant bu la première ; ce n’est pas ce que vous aviez promis.

George et Arthur arrivent au même instant, et descendent pour boire à leur tour.