dont la plupart étaient ensevelis sous les tentes que le vent avait jetées à bas, ni aperçu son père qui, depuis plusieurs minutes, était tout près de lui.
— Tu viens, cher enfant, de nous sauver d’une destruction complète, dit M. Dumont avec émotion et en l’entourant de ses bras ; ces buffles qui, dans leur panique, tenaient la direction du camp, nous auraient tous écrasés si tu ne les avais effrayés par le coup de fusil que tu as tiré. Tout le monde de cette caravane te doit une éternelle reconnaissance.
— Toute reconnaissance revient à Dieu, dit Gustave, car je ne pouvais présumer l’effet que devait produire un coup de feu sur ces animaux.
— Vous n’en fûtes pas moins son instrument, dit le capitaine qui arrivait au même instant. Ces buffles, dans toutes leurs courses, sont toujours guidés par un seul des leurs, et le suivent partout où il va. Dieu a permis que vous fussiez sur son passage pour l’effrayer par votre coup de feu ; tout de suite il a changé de direction et fut imité par les autres qui le suivaient. Laissez-moi vous dire aussi que nous vous devons une éternelle reconnaissance ; et, lui donnant une chaude poignée de main, il ajoute : Vous devez être fatigué, et l’émotion a dû épuiser vos forces, venez prendre du repos.
— Oui, viens, cher enfant, dit M. Dumont en l’entraînant de son côté ; et avec votre permission, capitaine, nous ne lui imposerons plus d’être de garde à l’avenir.
— Certainement, répond le capitaine, c’est le moins que nous pouvons faire pour le moment.
Le lendemain étant un dimanche, et la prière devant être plus longue qu’à l’ordinaire, nos trois amis s’offrirent pour garder les animaux pendant le service. Arrivé près des animaux, Gustave, frappé de leur tranquillité, se mit à dire :
— Comme nos animaux sont tranquilles, et remarquez donc comme ils se tiennent le nez contre terre, comme s’ils flairaient quelque chose à distance.