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gustave

— Regardez donc, dit-il, ne dirait-on pas qu’il y a quelque chose dans ces herbes ?

— Oui, en effet, dit Gustave ; elles cachent en ce moment, je n’ai nul doute, des sauvages dont le but est de nous attaquer. Levez tous vos carabines, ajoute-t-il.

Au même instant, le capitaine et M. Dumont en font autant.

La caravane arrête, et chacun prépare ses armes ; les femmes et les enfants entrent dans les wagons, et les hommes s’assemblent pour tenir conseil.

Les uns, conservant encore la rage de la veille, voulaient se ruer sur ces sauvages et les exterminer, coûte que coûte ; d’autres, plus sages, voulaient former le camp réglé et attendre l’attaque, en se tenant sur la défensive.

— Je crois avoir trouvé un moyen bien simple de les déloger, dit George, et la caravane ne courra aucun danger, si vous voulez l’adopter. Ce serait de mettre le feu dans ces hautes herbes, à une centaine de pieds chaque côté du chemin ; le vent nous est favorable, et poussera ce feu en avant de nous. Si ces sauvages ne veulent pas tourner en jambons, ils devront déguerpir au plus vite.

— Bravo ! bravo ! s’écrie l’assemblée.

Une douzaine d’hommes, se munissant d’allumettes et de poignées d’herbes sèches, se rendent à la distance indiquée. En une seconde, douze feux s’élèvent, puis grossissant tout à coup, se réunissent et se dirigent du côté des obstacles, avec la rapidité de l’éclair.

De grands cris se font entendre ; et des centaines de sauvages se lèvent et se sauvent du côté de la rivière, dans laquelle ils se jettent épouvantés. Il était temps, plusieurs avaient les cheveux brûlés.

— Vous faites bien, dit Gustave en souriant ; après une telle chaleur, il est bon de prendre un bain pour se rafraîchir.

Quelques minutes plus tard, sauvages, herbes et