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large vallée au milieu de laquelle coule une petite rivière, baptisée du nom de « Jourdain » par les mormons. Au nord-ouest, le lac Salé s’étend au delà des montagnes ; au sud sont d’autres montagnes aux cimes couvertes de neiges éternelles ; sur le versant nord-est de cette vallée, s’élève comme en amphithéâtre la ville sainte qui, vue de loin avec ses jolies maisons grises et jaunes, toutes entourées de beaux jardins, ses rues droites et assez larges, offre un coup d’œil charmant.

— Enfin, voilà la nouvelle Jérusalem, dit Gustave en souriant ; et vous voyez bien que ses habitants sont tous des saints : on ne voit pas un seul clocher.

— C’est vrai, dit George ; cependant ce bâtiment rond que l’on voit près de cette montagne doit être un temple.

— Pour envoyer au ciel plus rondement, dit Arthur.

— Voici les wagons qui arrivent, dit Gustave ; le capitaine m’a donné ordre de les faire arrêter sur ce sommet.

Sa tâche terminée, le capitaine qui, cette fois, était en arrière avec M. Dumont, arrive et se dressant sur ses étriers, s’écrie d’une voix forte :

— Chers frères et sœurs, vous voyez devant vous la cité sainte, la nouvelle Jérusalem, pour laquelle nous avons bravé tant de dangers ; faisons éclater notre joie par des cris d’allégresse, et ôtant son chapeau il pousse un « hourra » qui est répété par tous les gens de notre caravane.

— À présent, continue le capitaine, saluons-la d’une manière digne d’elle en déchargeant nos carabines. Trois cents coups de feu partent ensemble.

— Bien, reprend le capitaine, cette fusillade a averti le saint prophète de notre arrivée ; il va daigner nous recevoir, et je n’ai pas besoin de vous dire de lui témoigner tout le respect possible. Avant de partir d’ici, je vous prierai de refaire vos toilettes.

Tout le monde se met à l’œuvre, et les beaux habits,