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les chapeaux coquets, les faux chignons, les robes éclatantes, les rubans, les plumes, etc., emballés depuis le départ, font leur apparition, et chacun se pare de son mieux.

Les wagons s’ébranlent de nouveau, le capitaine et M. Dumont en tête, et une heure plus tard la caravane fait son entrée dans la ville par une belle rue large et très propre, qui la conduit devant le château de Brigham Young, grand et élégant édifice, bâti directement au pied d’une montagne très escarpée.

Gustave et ses deux amis regardent de tous côtés ; ils sont frappés de l’ordre et de la tranquillité qui règnent partout ; ils admirent les beaux jardins, luxuriants de végétation, qui entourent de bonnes maisons faites de briques grises et blanches (ces briques sont cuites par le soleil) ; des régiments d’enfants, jouant dans les cours, attirent leur attention et les font sourire ; ils répondent avec grâce aux saluts qui leur sont faits par ceux qu’ils rencontrent ; de chaque côté des rues qu’ils traversent, coulent des ruisseaux à l’eau claire et froide ; ils en font la remarque et se demandent pourquoi ils sont là.

Ils arrivent devant le château, et voient un homme entouré de plusieurs femmes, toutes plus jeunes et plus jolies les unes que les autres ; cet homme paraît approcher la cinquantaine et possède une belle figure.

— Brigham Young est vraiment un beau prophète, dit Gustave en souriant.

— Sa beauté ne le rend pas plus saint, dit George.

— Sinon plus saint, au moins plus agréable à sa femme… au pluriel, dit Arthur.

— N’avançons pas plus loin, dit Gustave, laissons passer les voitures.

Ils arrêtent leurs chevaux, le capitaine leur fait signe de les suivre ; mais ils détournent la tête comme si leur attention était attirée ailleurs.

Les voitures passent tour à tour et, sur un signe du capitaine, s’arrêtent devant le prophète.