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Page:Thomas - Gustave ou Un héros Canadien, 1901.djvu/262

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gustave

Alors ce dernier s’approche et tend les bras vers le capitaine, qui s’empresse de se rendre à lui.

Nos trois amis avancent pour mieux voir et écouter.

Le prophète embrasse le capitaine et lui dit :

— Je vous salue, frère bien-aimé, et je vous souhaite la bienvenue.

Chacun s’avance ensuite à son tour et donne la main au prophète qui, le sourire sur les lèvres, les félicite sur leur conversion et le résultat de leur voyage.

— Notre sœur Emily n’aurait certainement pas touché tes mains, dit George en lançant un regard de mépris sur le prophète.

Et une larme vient mouiller ses paupières.

— Passons tout de suite de l’autre côté, dit Arthur ; je ne veux pas être présenté à cet homme.

— Oui, allons, dit Gustave ; et tous trois, se glissant dans la foule des cavaliers, passent inaperçus.

La caravane se remet en marche et, quelques minutes plus tard, elle forme son camp dans une grande enceinte, faite pour l’usage des arrivants.

Les habitants de la ville viennent aussitôt, les uns pour louer leurs maisons, les autres pour vendre leurs marchandises, ou annoncer leur commerce.

— Il paraît, dit Gustave, qu’ici comme partout ailleurs, il nous faudra payer pour tout, même le lait et le miel.

— Taisez-vous, dit George, nous sommes ici dans leur ville, et ils ne permettront pas que nous nous amusions à leurs dépens.

— Quoi ! faudra-t-il payer pour s’amuser aussi ? dit Gustave.

— Certainement, répond Arthur, on ne saurait trop payer ; le prophète a tant de femmes à faire vivre.

— Et d’enfants à habiller, ajoute George.

Trois jours après, les gens de notre caravane commencèrent à se disperser. Les uns restaient à la ville ; d’autres se rendaient à « Provost City, » à cinquante milles au sud, ou à Ogden, au nord.