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— Là, du moins, se dit-il, les souvenirs du dernier voyage s’effaceront, et tout sera nouveau pour moi.

Quoique notre caravane avançât rapidement, faisant en moyenne cinquante milles par jour, Gustave trouvait qu’elle n’allait pas assez vite. Dans l’élan de son ardeur, il comptait les jours, les heures et les minutes qui le séparaient encore de Saint-Louis.

— Dans trois semaines, se disait-il, je vais revoir ma mère et ma sœur. Oh ! quel bonheur ! et il ajoutait : Faites, mon Dieu, que ce voyage s’accomplisse sans accident pour aucun de nous.

Dix jours après le départ, ils entraient dans le fort Laramée, à mi-chemin entre la ville du Lac-Salé et Omaha.

Rien de fâcheux ne s’était passé durant le trajet ; d’ailleurs, les sauvages n’auraient pas osé attaquer une caravane de trois cents hommes à cheval et bien armés.

Un arrêt de deux jours dans ce fort fut jugé nécessaire pour renouveler les provisions et laisser reposer les chevaux.

M. Dumont, ayant été prié par le colonel, commandant de ce fort, de surveiller la construction de plusieurs casernes et entrepôts déjà commencés, moyennant un fort salaire, s’empressa d’accepter. Cette décision fut comme un coup de foudre pour Gustave.

Il va trouver son père, et lui dit, les larmes aux yeux :

— Continuons donc notre route, je vous en prie.

— Non, répond M. Dumont d’un ton impératif ; j’ai une bonne occasion de faire de l’argent ici pendant quelques mois, et je vais en profiter.

— Mais, cher père, maman et ma sœur nous…

— Ne me parle pas de ta mère, dit M. Dumont en l’interrompant ; je ne lui pardonnerai jamais de m’avoir laissé partir sans m’accompagner.

— Ah ! je vous en prie…