— La Blanche-Colombe ne veut donc pas me rendre malheureuse, reprend Indianola ; elle…
Mais elle ne peut continuer, Blanche-Colombe était tombée évanouie dans ses bras.
Indianola s’empresse de la déposer sur une robe de buffle et lui donne les soins les plus tendres.
Au bout de quelques minutes, Blanche-Colombe ouvre les yeux et s’écrie :
— Mon Dieu, sauvez-moi du triste sort qui m’attend.
Puis, tournant ses regards vers sa compagne, elle ajoute :
— Comment fuir d’ici, chère Indianola ? ne voyez-vous pas un moyen de réussir ?
— Oui, répond la jeune Indienne ; je vais sortir et prendre le meilleur coursier de la tribu. Vous le trouverez au pied du grand chêne sous lequel nous nous sommes abritées si souvent. Comptez sur moi ; si je ne suis pas revenue dans une demi-heure, courez au rendez-vous ; faites en sorte de ne pas être vue.
— Prenez deux coursiers, dit Blanche-Colombe saisie d’une idée subite. Allez, chère amie, et que Dieu bénisse votre action.
Indianola sort à pas précipités et est bientôt hors du camp. Blanche-Colombe ou plutôt Emily, car c’était elle, se lève, ajuste ses vêtements, et s’empare d’un long poignard qu’elle cache dans un des plis de sa robe ; puis, se jetant à genoux, elle s’écrie d’une voix suppliante :
— Mon Dieu, vous voyez le danger qui me menace ; ne permettez pas, je vous en conjure, que je sois victime des desseins perfides de ces sauvages qui m’ont enlevée à la tendresse de mes bons parents. Et vous, Vierge Marie, que j’ai eu le bonheur de connaître pendant ma captivité, veuillez m’aider de votre favorable secours. Soyez mon refuge et mon asile dans les dangers que je vais rencontrer. Ah ! conservez en moi cette vertu que vous aimez tant. Oui, je vous le promets, si vous permettez que je puisse me rendre