La sentinelle le met en joue et lâche la détente ; mais le commandant, par un mouvement vif, relève le canon de la carabine, et la balle se perd dans le vide.
Le jeune chef n’arrête pas et se dirige vers le fort.
Alors le commandant ordonne de le laisser entrer.
Aigle-Bleu entre en jetant un regard rapide autour du fort ; le désappointement se lit sur sa figure, parce qu’il ne voit pas celle qu’il cherche ; mais il fait un geste de menace en apercevant M. Pepin.
Ce dernier lui lance un regard de défi.
Aigle-Bleu se tourne vers le commandant et lui dit :
— Blanche-Colombe doit être entrée ici avec cet homme, en désignant M. Pepin.
— Oui, elle est ici.
— Alors mon frère va me les rendre : Blanche-Colombe est ma femme, et ce Français est mon prisonnier.
— Tu mens, dit le commandant avec colère ; si c’est ce que tu veux, va-t’en au plus vite ; j’ai le droit de te retenir prisonnier, pour avoir arrêté et voulu torturer un de ma race. De plus, je t’avertis qu’à la moindre attaque de votre part, je vous ferai tous pendre comme rebelles.
— Ho ! ho ! dit Aigle-Bleu avec dérision, mon frère ne sait donc pas que ma tribu est nombreuse, et que je puis lui infliger le châtiment dont il me menace. Ainsi que mon frère réfléchisse bien.
— Va, et dis à ta tribu que je ne la crains pas ; avertis-la qu’elle fera mieux de retourner paisiblement d’où elle vient.
Aigle-Bleu sort en se mordant les lèvres de dépit.
Pendant que cela se passait, les sauvages faisaient leurs préparatifs pour l’attaque. Une grande quantité de branches sèches était amoncelée au centre de leur camp.
Au retour de leur chef, ils se mettent à lier ces branches par fascines, que plusieurs chargent