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gustave

sur leurs épaules en attendant le signal d’avancer.

— Ils veulent mettre le feu au fort, dit le commandant, et il ajoute d’une voix forte : Attention, chacun à son poste, les voilà qui viennent.

Les sauvages lancent leurs chevaux au galop ; chaque cavalier a une fascine en travers de sa selle. Arrivés à portée de fusil du fort, ils se disposent à former un cercle autour. Aigle-Bleu vole partout pour donner ses ordres. À un signal donné, ils descendent de cheval, jettent leurs fascines devant eux, puis se glissent ventre à terre en les poussant dans la direction du fort.

Le jeune chef en saisit une plus grosse que les autres, et la dirige vers la porte. Ceux des sauvages qui n’ont pas de fascines lancent des milliers de flèches qui viennent tomber dans l’enceinte du fort : les soldats sont obligés de s’adosser aux murs pour les éviter, et attendent avec impatience l’ordre de faire feu.

— J’ai un compte à régler avec celui-là, dit M. Pepin en désignant Aigle-Bleu ; je vous prie de me laisser faire.

— Agissez à votre guise, dit le commandant.

M. Pepin s’empare d’une corde et fait un nœud coulant à chaque bout, puis, se dirigeant vers la porte, il demande au gardien de la lui ouvrir.

— Mais qu’allez-vous faire seul en dehors de ce fort ? demande le commandant ; ces sauvages vont certainement vous tuer.

— Ne craignez pas pour moi, je veux remettre le change à ce jeune chef en vous le livrant comme prisonnier.

La porte s’ouvre juste assez grande pour le laisser passer, et, imitant en cela les sauvages, M. Pepin se baisse dans les hautes herbes et se glisse vers le jeune chef.

Tous les regards le suivent avec anxiété ; la distance qui les sépare diminue toujours. La fascine