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gustave

M. Pepin voudra bien nous satisfaire, dit Emily.

— Avec le plus grand plaisir, dit M. Pepin ; vous me permettrez cependant de commencer par ce qui m’est arrivé à moi-même. Vous savez qu’en quittant la ville du Lac-Salé, je devais me rendre à San-Francisco. Là, je fis de bonnes affaires et je parvins à amasser plusieurs milliers de piastres que je plaçai dans une spéculation d’où je réalisai de gros bénéfices. Me voyant assez riche, je résolus de retourner au Canada pour m’y établir.

Une caravane était prête à partir, j’en fis partie. Un soir que nous étions campés dans une des gorges des montagnes Rocheuses, je m’éloignai du camp pour donner la chasse à un ours gris, lorsque tout à coup je me vis entouré par une douzaine de sauvages qui se ruèrent sur moi et me garrottèrent. Je n’eus pas même le temps de me défendre. Après m’avoir lié, ils me traînèrent plusieurs heures de suite. Enfin, ils arrivèrent à leur village et m’attachèrent au pied d’un arbre…

Le reste de son récit, ainsi que celui d’Emily qui suivit, vous le connaissez déjà, cher lecteur.

— Cela surpasse de beaucoup toutes les épreuves que nous avons subies pendant notre voyage, dit Gustave.

— Oui, dit M. Williams. Que Dieu est grand et miséricordieux ! et que je suis heureux, chère Emily ! Tu ne saurais comprendre la joie que je ressens de te revoir, toi que je croyais avoir été emportée et engloutie par le courant de cette rivière dans laquelle tu es tombée ; toi, la vivante image de mon épouse bien-aimée, trop tôt enlevée pour notre bonheur ; toi que je croyais perdue pour toujours. Ah ! je me sens renaître, un horizon plus brillant s’ouvre devant moi, la vie va être plus douce à l’avenir. Oui. chère enfant, je bénis Dieu que tu me sois rendue ; ta présence me rappellera celle que j’ai perdue ; tu consoleras ma vieillesse et me feras espérer de longues années encore.