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gustave

— Oui, monsieur, surtout à ceux que je croyais être de bons chrétiens.

— Vous croyez donc que vos prières et celles de ces bons chrétiens sont plus agréables à Dieu que celles des saints consommés dans la gloire, que les prières de celle que Dieu a choisie pour sa mère, la Vierge Marie, et que le Saint-Esprit a déclarée bénie entre toutes les femmes ? Vous êtes donc persuadée que leurs prières ne sont rien en comparaison des vôtres ?

— Oh ! dit madame Dumont, c’est à mes frères que je m’adresse ; ils sont encore sur cette terre et comme moi, ils peuvent s’adresser à ce divin Maître, soit pour eux-mêmes ou pour d’autres qui se recommandent à leurs prières ; de plus, il n’y a pas de superstition à craindre.

— Alors, l’utilité ou le danger de l’intercession repose donc sur ce corps périssable, de sorte que les âmes peuvent communiquer et sympathiser entre elles tant qu’elles sont enveloppées dans la matière ; mais aussitôt qu’elles sont sorties de leur prison, qui est ce corps périssable, et rendues parfaites en jouissant du bonheur infini dans le ciel, toute sympathie, toute communication est suspendue et rejetée comme dangereuse, superstitieuse et insultante à la médiation de Jésus-Christ. Voyons, est-ce logique, dites-le-moi ? Ne vous semble-t-il pas, au contraire, que, s’il en était ainsi, les saints ne jouiraient que d’un bonheur borné et non infini, et que Dieu leur aurait enlevé les plus belles facultés de leur âme, celles de pouvoir aimer et assister leurs frères moins heureux qu’eux.

— Mais il se présente encore une objection : vous priez saint François Xavier, saint Augustin, saint Benoît, et une foule d’autres. Qui vous a dit qu’ils sont des saints ?

— L’Église, madame.

— L’Église ne peut-elle pas se tromper, monsieur ?

— L’Église catholique ne se trompe pas ; Jésus-Christ a promis d’être toujours avec elle, et nous a