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Page:Thomas - Gustave ou Un héros Canadien, 1901.djvu/65

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gustave

— Vous appelez cela de la justice, dit M. Dumont avec colère : vouloir empêcher que vos erreurs, vos idolâtries soient mises au jour ! Ah ! je vous connais ; vous voudriez être les maîtres dans ce pays, et gare à nous si vous réussissez à nous fermer la bouche.

— Je ne suis pas venu ici pour assister à une conférence, dit le délégué sans s’émouvoir, je connais vos sentiments à notre égard ; cependant, il ne vous est pas permis d’injurier qui que ce soit, uniquement parce qu’il n’est pas de votre croyance. De plus, je vous dirai que nous employons un moyen bien légitime pour réclamer justice. Si nous vous laissions faire, nous ne mériterions pas d’être considérés comme de bons citoyens. D’ailleurs, je suis venu ici pour vous épargner la honte d’une défense faite par les autorités de la ville, qui auraient certainement accordé la requête que voici et qui porte la signature d’un grand nombre de citoyens les plus influents, tant protestants que catholique. Si vous refusez ma demande, je suis chargé d’aller tout de suite chez M. le maire, et dans une heure tout au plus, il vous aura fait connaître sa décision. Tenez, ajouta-t-il, en lui présentant sa requête, voyez et décidez ce que vous allez faire.

M. Dumont prend la requête et voit qu’elle est couverte de nombreuses signatures. Il la remet au délégué en disant d’un ton irrité :

— Je vois qu’avec une pareille requête, il me faut renoncer à la conférence que je voulais donner ce soir ; sachez cependant que je ne cède qu’à la force.

— J’aurais mieux aimé vous voir céder par esprit de justice ; veuillez cependant me donner votre décision par écrit.

— Je n’y vois point de nécessité, répondit sèchement M. Dumont.

— Alors il ne me reste plus qu’à aller chez le maire, dit le délégué en se levant, car qui m’assure que vous tiendrez votre promesse ?