Page:Thomas - Gustave ou Un héros Canadien, 1901.djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
85
gustave

— Permettez-moi une question, monsieur, dit Gustave ; que feriez vous si un prêtre se permettait d’insulter votre épouse et vos filles dans une salle publique ?

— J’avoue que je protesterais afin de maintenir leur honneur et le mien.

— Et en cela, vous useriez de votre droit, n’est-ce pas ?

— Oui, oui, s’écrièrent plusieurs.

— On serait porté à croire que vous êtes catholique vous-même, par la chaleur que vous mettez à prendre leur défense, dit un des passagers, qui venait d’approcher ; cependant, l’intelligence et l’éducation dont vous faites preuve nous disent que vous ne pouvez appartenir à cette secte.

— Si j’ai de l’intelligence et de l’éducation, monsieur, dit Gustave avec fermeté, c’est dans le catholicisme que je les ai puisées, et je me glorifie d’être un de ses membres.

— Vous ne nierez pas toutefois, reprit le même interlocuteur, que les protestants sont de beaucoup supérieurs aux catholiques, et vous conviendrez que la plupart des catholiques sont ignorants et superstitieux.

— Et en quoi consiste cette supériorité des protestants sur les catholiques ? Est-ce parce qu’il va beaucoup de pauvres parmi eux ? L’ouvrier protestant l’emporte-t-il sur l’ouvrier catholique ? Dites-moi aussi, quelle est la nation qui a atteint le plus haut degré dans les sciences et les lettres ? N’est-ce pas la France catholique ? N’est-ce pas vers ce pays que se dirige celui qui veut parachever son éducation ? N’est-ce pas la France qui a toujours tenu et tient encore le haut de l’échelle intellectuelle ? N’est-ce pas à Rome, siège de la catholicité, que l’artiste peintre ou sculpteur va étudier afin d’immortaliser son nom ? Qui a fait les beaux monuments et les modèles inimitables d’architecture ancienne et moderne ? Ne