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Page:Thomas - Gustave ou Un héros Canadien, 1901.djvu/97

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gustave

colère. Ne vois-tu pas que tu as offensé ce monsieur, si bon, si généreux et qui prend tant d’intérêt pour ton avenir ?

— Si je vous ai offensé, monsieur, dit Gustave, je vous prie de me pardonner, car c’était loin de mon intention.

— Tu ne m’as pas offensé, dit M. Lewis, qui aimait la candeur de notre héros ; cependant réfléchis bien, je serai toujours prêt à remplir ma promesse.

Gustave, de retour à la maison, ne tarda pas à se rendre auprès de sa mère, pour lui faire connaître ce qui s’était passé.

Quelques jours après, pendant le souper, madame Dumont, s’adressant à son époux, lui dit :

— Tu ne peux deviner qui est venu ici aujourd’hui.

— M. Lewis, je suppose ? répondit M. Dumont.

— Ah ! tu en es loin.

— Quelques membres de notre église ? continua M. Dumont.

— Je vois que tu ne peux deviner ; c’est une sœur de charité, française, je crois, qui est venue me demander de souscrire à leur œuvre.

— J’espère que tu l’as mise à la porte, comme elle, le méritait ?

— Non, dit vivement madame Dumont, je connais trop le savoir-vivre pour cela ; j’ai été au contraire frappée en la voyant : ses manières distinguées, sa figure noble sur laquelle étaient empreinte la candeur et la chasteté, son appel chaleureux pour les pauvres, m’ont tellement impressionnée, que j’ai pris dix piastres et les lui ai données avec plaisir.

— Comment ! s’écria M. Dumont avec colère, tu me dis que tu as souscrit dix piastres pour soutenir ces couvents dans l’enceinte desquels il se commet tant de crimes ? là où…

Il allait continuer sur ce ton, lorsque la servante vint annoncer que M. Lewis était au salon. M. et madame Dumont s’empressèrent d’aller au-devant de lui.